Éclectisme et pensées libres sont l'adage du philosophe de l'humeur passante. Je disperse mes idées de fieffé souverain aux quatre vents. Par S. Roy
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Vous vous cherchez de belles activités à faire pour le jour de la terre du 22 avril? Le choix est vaste. Par exemple, il y a la tenue d’une journée d’essais de grosses Ford Mustang bien gonflées à la testostérone, dodues et énergivores à Vaudreuil-Dorion. Cette hérésie caritative proposée de bonne foi par un concessionnaire local se déroulera au Centre Multisport de Vaudreuil durant ce jour de conscientisation. Ce merveilleux endroit, s’il en est, fait aussi la promotion de saines habitudes de vie. Il y a de ces ironies qui entrent parfois dans le surréalisme.
Y a-t-il autre chose à faire dans le coin? Du nettoyage de berges à Pincourt, l’achat de compost et récupération d’objet électronique à Notre-Dame-De-L’Île-Perrot, une descente de la Rivière-Beaudette organisée par Cobaver-VS et nettoyage de l’entrée de la ville de Terrasse-Vaudreuil. Rigaud amorce aussi sa démarche du plan de développement durable ces jours-ci. Enfin, la page Facebook de Jour de la terre Québec donne beaucoup de suggestions pour s’initier aux gestes qui devraient être posés quotidiennement en 2017.
Or, la Ville de Vaudreuil-Dorion, majoritaire au conseil d’administration dudit centre Multisport organise aussi une grande table ronde citoyenne pour le développement de sa politique environnementale le 25 avril prochain. Est-ce cela qu’on pourrait appeler une sorte de rachat de carbone à échelle municipale afin de compenser le centre Multisport?
J’ai toujours haï la maxime «aide toi et le ciel t’aidera». Elle sous-entend que l’on n’a pas vraiment le contrôle de notre destin. Comme si quelque chose de plus grand pouvait déblayer les ourlets de la vie laissée par la charrue si l’on se charge à tout le moins de sortir la pelle et qu’on libère l’entrée. Habité par le doute sur les chemins que j’emprunte depuis quelques mois, c’est dans cet état d’esprit que j’amorce le roman «Je l’appelais cravate». Ironiquement, c’est le hasard des allées d’une libraire de banlieue qui m’a fait choisir ce livre. Rien d’autre, sauf peut-être la photo de la couverture vue rapidement et repoussée indifféremment du doigt sur Instagram. En sourdine, le roman de Milena Michiko Flašar fait la démonstration qu’on ne peut agir vraiment seul dans la vie. Elle fait joliment la démonstration que rien ne s’accomplit sans cette interdépendance qu’il y a entre les humains. Petite ou grande.
Aparté : Pour une raison que j’ignore encore, moi qui prends pourtant un soin jaloux de mes bouquins, je me suis mis à écrire ce qui me traversait l’esprit dès les premières pages. Directement dans le livre. Dans la marge. Entre les paragraphes. En lien avec ce que je venais de lire ou non. Je notais tout. Ce roman est devenu mon journal intime. Il est devenu une sorte d’objet figé dans le temps avec une âme en plus : la mienne... sur quelques semaines. Ainsi, ce livre s’est transformé en une conversation entre moi, l’auteure et les deux personnages principaux du roman.
(ci-haut, une photo que j’ai prise à Coney Island, NY en 2015)
D’un côté du banc, un jeune homme blessé, honteux et reclus, qui cherche un moyen de se raccrocher à la vie. De l’autre côté du banc, une salaryman ayant perdu son emploi et ses illusions. C’est une histoire de banc public; endroit par excellence pour les silences et les rencontres. Une histoire de contact avec le hasard et les autres qui entrent dans nos vies sans qu’on le demande. C’est la démonstration pure et simple de la faible attraction entre les corps et de ce que tous et chacun, dans nos gestes les plus banals, pouvons avoir comme influence sur nos vies respectives.
Il faut être patient avec ce roman. Ce qui a entre autres alimenté ma patience est le verbe de l’auteur. C’est finement écrit. Poétiquement, même. Cela m’a aidé à poursuivre ma lente marche entre les très courts chapitres. Au début, les occasions de décrocher étaient multiples, n’eût été ma démarche introspective que je déposais entre les lignes du livre. Malgré certains passages confus et quelques trop longues parenthèses sur d’anecdotiques moments de vie des personnages, ma résilience fut finalement récompensée à partir du quart du livre. C’est à cette étape que tout devient limpide et que l’on sort de la simple chronique sur deux hommes en mal de vivre. C’est à ce moment que l’on assiste plus clairement au combat sans merci entre le mensonge et la vérité, pour finalement en sortir amoché, mais convaincu plus que jamais que l’on ne peut avancer seul en ce monde. Convaincu qu’il faut accepter et surtout s’ouvrir à ce que peuvent apporter les autres, si insignifiantes ou mêmes inconscientes leurs actions soient-elles.
(Ouroboros)
La beauté supérieure de ce roman est qu’il se termine comme il a commencé. Presque textuellement. Une fois la lecture complétée, pour le plaisir je me suis amusé à recommencer la lecture à la page 1. Juste quelques chapitres. J’ai constaté avec étonnement que l’histoire tournait sur elle même encore et encore. Une sorte d’Ouroboros romanesque qui se mange lui-même jusqu’à n’en devenir qu’un infime point (un tout) sur une énorme page blanche. Et il me fut révélé qu’au final, je suis moi-même dépendant des autres infimes points autour de moi dans cette tentative de former une grande histoire. «Je l’appelais cravate» est un délice pour qui à envie de se faire dire que quelqu’un quelque part est là pour nous, qu’il arrivera, fera son œuvre et suivra son chemin. Sachant cela, mon chemin en est déjà plus beau.
C’est fait. Ma fille a perdu sa virginité de façon violente. Elle avait entre 9 et 10 ans. Je ne m’en étais pas rendu compte. C’est arrivé lors du printemps érable en 2012. Penser que c'est Jean Charest qui est à la source de cet acte répugnant me révolte au plus haut point. Comment l'ai-je su? Simplement en lui demandant la semaine dernière : « Hey! Ils organisent une manifestation pour exprimer notre amour de Radio-Canada et pour s'indigner des coupes qui l'afflige! On y va? » Et elle de me répondre : « Non. Ça ne me tente pas de me faire arrêter par la police ». Je suis tombé sur le cul. Comme si l'on m'avait poivré et chargé avec un bouclier en plexiglas teinté du sang d'un autre manifestant. Ce qui devait ressembler à ça dans son imaginaire :
s'est transformé en quelque chose comme l'image suivante :
Voilà ce qui est tatoué dans son petit cerveau en croissance et que je devrai aider à transformer ou effacer au laser de l'humanisme. Je ne veux pas que ma fille et mon garçon se terrent dans la complaisance ou dans le défaitisme. Sans porter de lunettes roses, j'aimerais qu'ils soient conscients que la vie n'est pas le royaume de Disney de même qu'on ne peut rester cloîtré par la peur des autres. Je ne veux pas qu'ils pensent être nés pour un petit pain, celui-là même que le PLQ tente de nous faire avaler de force en rabaissant nos aspirations au niveau du « rest of Canada ». Je préfère qu'ils croient en leur instinct et leurs rêves et qu'ils ne soient pas hypnotisés par l'opinion des panels d'experts à la tivi ou dans les radios parlées unidirectionnelles. Elle ne m'avait jusqu'à maintenant jamais glissé un mot de « sa première fois » (comme disent les CAQuistes). Pour un père politisé, humano-naïf et partisan de la libre pensée, effrayer ma fille de cette façon est un affront qui ne doit pas rester impuni. Il me faudra du temps pour l'aider à ravoir confiance en la liberté d'expression et aux soulèvements légitimes du peuple. Comme pour son éducation sexuelle, je comprends maintenant la nécessité de mon implication dans son apprentissage comme citoyenne du monde. Auparavant, je dois panser sa blessure causée par nos bons médias qui ont participé à démoniser l'engagement social, le droit de crier à l'injustice et le droit de ne pas être d'accord (avec nuance et empathie). Il me faut lui faire comprendre que bien qu'on ait voté un soir d'élection, il n'y a pas de lois citant qu'il faut se fermer la gueule pendant 4 ans. Je dois lui parler démocratie et droits civiques. Je ne peux pas recoudre l'hymen politique de ma fille, mais je peux certainement lui apprendre que ce qu'elle a retenu du printemps érable n'est pas toute la vérité et que rien n'est perdu. Au contraire. Tout ne fait que commencer. P.-S. J'imagine que s'il y avait une manifestation pour conserver VRAK TV, elle serait partante. Faut une cause adaptée, j'imagine ;-)
Prologue Oyé chers amis! On vient de m'annoncer une superbe nouvelle! Je vous présente en primeur le court texte qui m'a permis d'être l'un des deux gagnants du concours "Exercice d'admiration" où je devais raconter ma passion pour un livre ou un auteur. Mon texte sera lu devant public au Studio ARTV à la PDA samedi le 13 septembre 2014 par Claudia Larochelle dans le cadre du Festival Internationnal de Littérature (FIL). Vous pourrez aussi trouver une copie sur le site d'ARTV sous peu. Lisons tout le temps! ********************************** Je suis l'Amok D'entrée de jeu, je me suis laissé avoir par l'illusion tranquille et rassurante d'un bateau de croisière. Les récits où l'auteur offre la chance de m'amarrer rapidement à son histoire se font rares. L'exiguïté de mes appartements sans hublots que je partage avec le narrateur donne tous les signes d'une lecture qui marquera. Je sais qu'on ne me laissera pas en paix après avoir bu la dernière ligne. Le temps de quelques pages, je deviens l'Amok de Stefan Zweig. Je fais partie de la horde des chercheurs d'or, comme celui qui doute et se perd entre passion, machisme, soif de pouvoir et désespoir. Épuisé, affaibli, voire blessé par l'agencement des mots aussi puissants que la déraison exposée au fil du livre, je traverse un miroir chaque fois que je plonge dans cette écriture mélancolique et prémonitoire. C'est une fable universelle sur la course effrénée vers l'impossible « synchronicité » de l'amour. La vérité toute nue, même stéréotypée, me rentre au corps comme on force une porte aigrie par l'usure du temps. Les derniers mots sont lus. La dernière page est tournée, et voilà ma main qui se pose rapidement sur la couverture, comme pour prendre doucement le pouls de la situation. Et si l'aventure se poursuivait sous l'eau? C'est sans contraintes que je décide, en esprit, de plonger à la mer avec le protagoniste de l'histoire, fatigué de courir derrière lui, repu par les émotions. Je suis las d'entendre les appels insensés de ma petite voix intérieure arguant que tout va bien. Le calme de la mer, je le comprends, est la seule solution pour l'amok. Me laisser couler dans les profondeurs abyssales de l'océan me donne tout le temps voulu pour accepter ce qui est et m'en délecter. Je descends lentement, comme au rythme d'un adagio d'Albinoni. Je ne suis pas seul. Dans mes bras sont toutes les femmes que j'ai aimées. Toutes les passions inassouvies. Elles sont toutes là, même les inatteignables, comme celle de la nouvelle de Zweig. Et je me demande combien de temps je peux retenir mon souffle avant que la mer entre en moi. Pourquoi une telle fin? Combien d'autres brisures avant l'amour parfait? Cette utopie existe-t-elle? Cette quête me tuera-t-elle aussi? C'est ainsi que je coule en relisant l'Amok. Je me gonfle d’eau et de sang en sachant bien que jamais je ne toucherai le fond de cette histoire. Au final, c’est l'histoire de Stefan Zweig qui touche mes sombres profondeurs.
Prologue
Les vacances terminées, il est de bon ton en cette ère d’échange social de publier nos souvenirs picturaux. À tort ou à raison, cela me donne un sentiment d’appartenance dans notre époque. Ce faisant, j’ai l’impression d’avoir autant ma place dans le monde réel que dans celui virtuel. La valeur de ces deux présences s’équivalent presque, n’en déplaise aux apôtres de la pleine conscience et du « ici et maintenant ». Ma position géographique n'est plus confinée à l’espace tangible et palpable, mais aussi appartient à la dimension du « paraitre ». J’étais ici, donc je suis! Voici mon géolocalisateur virtuel par l'écrit pour un été qui fut trop court. **************************** Cette année, ma saison estivale fut rattachée à l’eau. Je l’ai toujours admirée, mais cette fois je l’ai écoutée. Je confirme qu’elle parle « en ciboire » pour qui veut l’entendre. Départ canon
Il est 22 h 30. J'ai sommeil. Mais il y a fête sur la rivière Saguenay en face de chez mes parents. Un party-ponton aux convives qui me sont inconnus, comme on en voit souvent en ce lieu baby-boomers. Il y a quantité de rires portés par la brise aux effluves d'alcool que je peux presque boire. Je m'endors. Mais après quelques heures festives, l'eau décide qu'elle en a assez. Des cris, des « tabarnak toé », des « lâche moé mon câlisse » et autres gentils quolibets me sortent de ma phase bêta. L'eau ne rit plus. La fête s'est transformée en bataille navale. Pour la prochaine heure, l'eau est à son niveau le plus bas. L'hommerie s'est emparée de mon « fleuve ». Impuissant devant cette tempête, cela s'est apparemment terminé en dents cassées, en pleurs et en « mon criss de tabarnak, tu me verras pu su ton bateau ». La poésie de la Sminorf Ice s'est manifestée. Et comme le malheur apporte aussi son lot d'ironie, cette parole s'est propulsée au travers des vagues naissantes : « Ta gueule Josée! Té pas une tsycolog, té juste une stéticienne ». Triste tableau, l'eau finit quand même par me faire rire. Des pirates
Le lendemain, l'eau reprend ses droits. Elle redevient enfant. Je devine que le Saguenay en appelle à l'imaginaire. Une harde de jeunes vacanciers dispersés en quelques canots font des manœuvres au milieu du sang laissé la veille par mes « fêtards ». L'eau calme du matin incite à la franche camaraderie et à l'émerveillement qui se perd habituellement dans les iPODeries. Ce jour-là, l'eau a fait rêver une dizaine de marmots. Et je me suis surpris à penser que je faisais partie de leurs jeux. À mon grand dam, une fois les flibustiers rentrés au port, la valse des mouches à « marde » aquatique (qu'on nomme généralement Sea-Doo) peut commencer librement. Des "pitounes"
(Crédit photo: Marie-Hélène Amyot ©2014) Plus à l'ouest, il y a le plus beau lac au monde. J'y suis resté collé plusieurs heures. Cette eau apporte la connaissance et le souvenir d'une épopée historique qui se perd. À travers une « pitoune » de bois imbibée par des années de perdition, c'est toute l'histoire de ma forêt qui est venue à moi. Poussé par les vagues, un mélange de fierté envers mes ancêtres et de mélancolie soulève le sentiment que j'ai tant de choses à apprendre. Les vagues auraient-elles la même identité si ce n’était de l'industrie qui a jadis modifié ce majestueux Lac St-Jean? D'une main amoureuse, j'envoie un baiser au Lac, de l'autre, je lève mon majeur bien haut à l'industrie qui en modifie encore le paysage aujourd’hui. Le lac reprendra-t-il un jour ses droits? L'eau me fait mieux comprendre l’étrange sentiment de mes paradoxes. L'eau salée
Au milieu de mon périple, il y eut les eaux intermédiaires, les fontaines publiques, les ruisseaux, la rosée et les sceaux remplis des ondées éphémères. C’est toutefois au final qu’est arrivée cette eau qui ne suscite que respect et dévotion. Cette eau qu'on retient parfois avec les barrages les plus solides. Cette eau salée m'est apparue par les monts et vallées du majestueux Charlevoix. À mon retour, avant que la routine urbaine ma fasse oublier ces vacances liquides, le fleuve Saint-Laurent dans toute sa splendeur a fait couler la seule eau salvatrice. Par deux petits chemins dessinés au hasard sur mes joues, passant par mes lèvres et finissant je ne sais où, je me suis mis à pleurer à chaudes larmes. Et c'est ainsi que j'ai su que cette mer intérieure me parle plus que toutes les mers du monde. ********************************* Je vous laisse avec une merveilleuse chansonette de Nick Drake: River man https://www.youtube.com/watch?v=sftEYVYEoew
(Critique simplette du roman "La ferme des animaux" de George Orwell) Nous sommes à des lieux de l’opus « 1984 » de George Orwell, voire à des années-lumière. Malgré un thème qui aborde les mêmes problématiques relationnelles entre mammifères de différents niveaux sociaux, « La ferme des animaux » est une fable simple (pour ne pas dire simplette) qui montre une évidence : la recherche de pouvoir et la complaisance dans l’ignorance. Ces dernières sont toujours au cœur de notre lente déchéance en tant qu’humanité. Un sentiment de supériorité vis-à-vis du règne animal persiste toutefois après la lecture de ce bouquin. C’est peut-être signe que je suis resté sur mon appétit (de carnivore) ou que je n’ai pas bien compris le message d’Orwell, inspiré probablement d’une philosophie maintenant révolue qu’est le Stalinisme. Développé autour d’animaux traditionnels de la ferme, l’auteur du court roman fait un parallèle entre ce qui ressemble à l’esclavagisme tel que nous le connaissons et le caractère intrinsèque de bêtes domestiquées par l’homme. Les bêtes se révoltent, prennent en charge leur destinée via une forme de communisme, tombent sous une dictature et reviennent sensiblement dans la même position d’avant leur révolte; un cycle bien connu et documenté de l’histoire contemporaine de l’homme. L’on prend plaisir à se demander quel animal nous ressemble le plus, comme lors de l’écoute de l’album « Animal » de Pink Floyd, librement inspiré de cette œuvre. Et c’est probablement là le seul plaisir tangible de cette histoire. Suis-je un mouton « suiveux », un chien binaire, un fort cheval avec des ornières, un cochon stratège ou un chat indépendant? Mais cette fable quelque peu réductrice laisse l’impression d’un cours 101 de géopolitique à deux sous, laissant de côté toutes subtilités possibles entre ceux qui ont le pouvoir et ceux qui le subissent. Même l’interaction finale entre les humains et les animaux donne dans la facilité. Peu de zone grise. Peu de finesse, mais tout de même un bon divertissement. Intentionnellement ou non, Orwell installe dès les premières pages un sentiment d’incrédulité et de méfiance face au projet animalier qui veille. De fait, il m’a été difficile d’être totalement sympathique à la cause des bêtes. La culpabilité qu’on tente de me faire sentir quant aux méthodes d’élevage du fermier-propriétaire colle difficilement, comparativement à notre époque de production de masse. L’on se réjouit tout de même du soulèvement des bêtes. Mon côté gauchiste/humaniste est ici mis à contribution de façon naturelle. Et la première chose qui me vient à l’idée en lisant sur la révolte des animaux est la série de la Planète des singes. L’on pourrait croire que Pierre Boulle s’en est largement inspiré pour son propre roman qui a lancé la franchise. Au final, je me suis surpris à rêver d’une mise à jour pour ce roman. Et si les poulets avaient été cordés dans des cages trop petites? Et si les vaches étaient « ploguées » pour leur sucer le plus de lait possible? Et si l’on établissait l’histoire dans une usine à chiot ou dans une industrie d’équarrissage de notre siècle? Orwell n’aurait pu deviner l’horreur de l’industrie alimentaire ou animalière d’aujourd’hui lors de l’écriture de son roman en 1955. Ceci est pardonnable et compréhensible, mais l’entrée en matière du roman donne un ton vieillot au récit. C’est tout le contraire de l’univers de Big Brother dans le roman d’anticipation « 1984 » dont la prescience est encore bien d’actualité en 2014. « La ferme des animaux » reste un bon outil de base pour soutenir un argumentaire géopolitique encore applicable de nos jours. Mais il faut lire ce roman avec une bière blonde bien froide et légère en main, sur une terrasse qui sert de bonnes côtelettes de porc. Note : Merci à Julien Leclerc (https://www.facebook.com/julien.leclerc.167?ref=ts&fref=ts) pour m’avoir prêté ce livre
Pour les intéressés, je fais partie d'un projet pilote de littérature avec la Librairie Le port de tête sur Mont-Royal. Vous pouvez lire l'évolution de nos histoires fictives sur le blogue de la boutique jusqu'au mois de mai. Il s'agit pour moi de donner vie à un ou des personnages via des échanges de lettres fictives écrites par les autres auteurs du groupe. Je fais partie du groupe C. Tous sont partis de la même lettre de départ de notre coordonnateur Gilbert Turp. Nous modelons l'histoire au fur et à mesure. C'est donc un projet dynamique avec beaucoup de rebondissement pour les auteurs, dont je fais partie. Bonne lecture et donnez-m’en des nouvelles si ça vous chante! Cliquez sur le petit lien ci-dessous. Cliquez juste ici pour le lien vers leur blogue.
Pustules et aberrations. Psychédélisme et tristesse. Je termine à peine cet objet inclassable. Il y a quelques années que je connais cet univers « Davidlynchien » de Charles Burns, auteur de l'étrange Black Hole. Une compilation de courts métrages d'animation sur la peur avait été diffusée au festival Fantasia de Montréal en 2008. Le film de Burns m'avait étonné par sa facilité à susciter le dégoût et le frisson. Un univers glauque, irréel et complètement déjanté m'était offert. (Vous pouvez voir le film en question juste ici.) Roman graphique-fleuve ayant gagné quelques prestigieux prix en 2005 (dont le prix Eisner), Black Hole est une longue, mais belle métaphore sur la liberté, l'amour, l'attirance et les désirs sexuels. Situé à l'époque où la coupe Longueuil faisait rage, et attaché aux balbutiements du « Classic rock seventies », le livre de Burns met en scène une bande d'ados désœuvrés de l'Ouest américain aux prises avec une étrange maladie transmise sexuellement.
Dès les premières cases, l'on sait que l'aventure sera parsemée de moments difficiles et rudes. Tout au long de l'épais volume, l'auteur nous place en face de situations qui, au-delà du premier degré, fait appel à de vieux sentiments, nos côtés retors, presque voyeurs, mais aussi les aspects torturés de la vie. Il y a bien sûr la corrélation presque immédiate avec le VIH, maladie que l'on croit effacée aujourd'hui. On pourrait même sentir l'odeur vieillotte de la petite morale en marge de l'histoire. Mais cette constatation est accessoire.
L'on plonge avec appétit dans ce buffet de trait de crayon sensiblement exploité dans chaque case. Les jeux d'ombres sont parfaitement maîtrisés par Burns et créent merveilleusement bien la tension nécessaire au bon déroulement de l'histoire. Violence et sale poésie se côtoient élégamment sans trop diluer le potage. La fuite dans les drogues et l'alcool des protagonistes apporte un mutisme et des non-dits qui nous permets de conserver ce sentiment d'être en déséquilibre par rapport au récit. Une situation presque frustrante, mais efficace.
Il n'y a pas de fin hollywoodienne dans Black Hole. J'en suis sorti un peu abasourdi. Mais le plaisir est aussi dans la continuité que l'on se fait des personnages une fois le mot fin apparu. Et quelle finale! Un générique qui nous met en face de notre petitesse. Mais aussi face à la « grandiosité » de notre force intérieure pour survivre à nos afflictions. Le beau côtoit l'étrange avec finesse.
Lire ce roman est comme vivre un cauchemar. Derrière tout cauchemar se cachent bien des vérités sur nous-mêmes. Black Hole est un livre à lire pour sa profondeur et son effet de claustrophobie qu'il contient et suscite... pauvres de nous. Note de bas de page : Il y a un projet de long métrage en cours. Vous pouvez voir un exemple de ce qu'aurait l'air Black Hole au grand écran juste ici.
Suite à l'évenement du weekend concernant le policier retraité de Miami (à lire ici) et sa haine des "texteux", j'ai pensé re-publier ma courte chronique de 2011. Comme quoi, les effets de texter dans une salle de cinéma reste un dossier chaud. Il semblerait qu'il en va aussi de notre sécurité. Je suis moi-même récemment intervenu auprès d'un spectateur peu intéressé par le film diffusé. La lumière de son appareil m'aveuglait. Au final, ce spectateur m'a totalement ignoré (apr's m'avoir aussi invectivé). Je réalise que j'ai dépensé beaucoup d'énergie, engoissé inutilement et manqué la fin du film. Est-ce que ça vaut la peine d'intervenir? Qu'en pensez-vous? *************************************** (publié originalement le 7 décembre 2011, ici) Je n’ai pu passer sous silence l’article suivant. http://www.lepost.fr/article/2011/12/06/2654314_twitter-des-sieges-reserves-pour-tweeter-au-cinema.html Or, je ne suis qu'un pauvre puriste qui tente encore de percevoir le cinéma comme quelque chose de beaucoup plus grand qu'un bien de consommation rapide (comme offre trop souvent Hollywood aujourd'hui). En laissant le twitteux œuvrer d'aise dans les salles (même en arrière-banc), je pense qu'on banalise le rituel qui existe encore parfois entre un bon réalisateur et son auditoire. C'est peut-être aussi le signe d'un grand essoufflement de l'industrie Hollywoodienne. Elle qui ferait n'importe quoi pour ne pas perdre son dernier bastion de consommation de masse, soit les plus jeunes. Tant que le cinéma progressera vers la médiocrité pour ne servir que le vil côté commercial du 7iem art, les twitteux et facebooqueux des salles de cinéma auront tout le loisir d'user de leur cellulaire (ou pire! du iPAD). Donnez de la qualité cinématographique à ces gens blasés et vous verrez s'éteindre les conversations. Continuez à servir de la merde cinématographique en quantité et bientôt on pourra y jaser comme dans un lounge bar avec le film en trame de fond... parce qu'il n'y aura rien d'autre à y faire.
Il y eut Dédé. Il y eut Kurt juste quelques années auparavant. Il y en a eu beaucoup d'autres, que l'on chérissait ou non, de près ou de loin. Mais il y a aussi les suicidés sans visage ni histoire. Les sans nom et les sans hommage. C'est de ceux-là dont il est question dans le très court roman d'Éric Fottorino, Suite à un accident grave de voyageur.
Voilà un roman/nouvelle qui parle de suicidés, certes, mais c'est surtout un exposé sur la sensibilité humaine à l'ère des réseaux sociaux et à l'ère du glissement vers l'hyperindividualisme. On ignore le nom du personnage principal, car il pourrait tout aussi bien être notre voisin de siège de train de banlieue ou de la ligne orange du métro de Montréal. Le genre de personnage qui comme nous est soumis aux aléas de la « machine », espérant sortir de son emprise pour se retrouver libéré du « communautaire » et ainsi vaquer à ses occupations de routines. Ce pourrait être vous ou moi. Malgré la gravité du sujet, on suit les pensées d'un homme confronté à la plus abominable conséquence de la mort sans procuration, opposé à sa propre humanité et sa sensibilité en lien aux inconnus qu'il côtoie tous les jours.
(Edward Hopper - Nighthawks - 1942) Le mince recueil (qui ne fait que 60 pages) souligne à gros trait les gestes fatals de malheureux humains. Ceux qui, au bout de toute solution, veulent déranger nos routines et nos habitudes de vies tranquilles. Le tout est enrobé par les réflexions du protagoniste anonyme. C'est sans jugement ou complaisance que l'auteur nous met en rapport à la tournure extrémiste et déshumanisée qu'ont prise nos vies depuis l'avènement du web 2.0. Il n'y a pas d'histoire dans ce roman. Il y contient plutôt toutes les histoires. On y voit toutefois quelques tableaux d'Edward Hopper pour alléger l'air vicié qui entoure ce livre. Et l'on visite aussi des villes de banlieues parisiennes moins connues ici. On y rencontre les corneilles d'Hitchcock et la chambre verte de Truffault. Mais on y refait un douloureux constat : qu'on le veuille ou non, le suicide d'une personne s'insère en nous sournoisement, sans qu'on s'en rende compte, même si l'on ne veut pas le savoir.
Essentiellement, le tour de force de Fottorino réside dans la proposition d'une critique sociale de ce nouveau siècle et de l'impuissance d'un personnage face à la perte de sensibilité collective. Que ce soit à Paris ou à Montréal, Suite à un accident grave de voyageur nous donne l'occasion de réfléchir (et se divertir) sans nous investir dans un essai sociologique compliqué. Les mots sont fluides, jolis, voire poétiques. Ce qui procure un effet presque onirique à ce récit coup de poing d'où l'on ne sort pas indemne. À moins d'être de ceux qui croient que le suicide nuit à la liberté individuelle...
Aider le cinéma Québécois, en cette ère de glissement vers des préoccupations plus économiques que culturelle est-il nécessaire? Suite à la lecture de l’article de Bahador Zabihiyan (qu’on peut lire ici), je doute un peu des conclusions du groupe de travail sur les enjeux du cinéma au Québec (GTEC) mis sur pied par Maka Koto, ministre de la culture au gouvernement du Québec. Le rapport complet sera disponible juste ici. Au-delà des critiques rapportés par Bahador de Radio-Canada, j’aimerais souligner quelques aspects qui m’apparaissent négligés pour aider à une meilleure accessibilité au cinéma Québécois. Connaissons-nous notre cinéma… et notre histoire ? Bien-sûr que le cinéma américain est parfois intéressant et significatif. Bien-sûr que nous avons besoin de nous divertir et de mettre notre cerveau à OFF afin d’éponger le trop plein de responsabilité qui accable nos lourdes et intenses semaines de « métro-boulot-réseaux sociaux ». Mais notre proximité avec le marché américain et la conquête insidieuse et sournoise de l’emprise d’Hollywood en nos terres est dévastatrice. Car c’est bien de cela qu’il est question. La guerre de 1812 menée contre le « Kènéda » n’est rien comparée à l’envahissement de notre culture par la porte d’en arrière qui se trame en ce moment et depuis au moins 25 ans. La machine promotionnelle américaine est en voie d’annihiler très lentement notre identité propre. Elle est le glaive qui nous lobotomise collectivement, sous prétexte que le divertissement est assurément meilleur si l’on voit sa publicité partout. La culture américaine a eu raison de notre jugement parce que l’on mesure le succès et la qualité avec les recettes en salle. Thor peut bien rire en nous envoyant son divin marteau dans la face. Et on en redemande. Nous avons oublié qui nous sommes et ce qui caractérise collectivement notre identité. Nous nous éteignons lentement au profit… du profit. Je serais curieux de faire un vox pop auprès des 20-40 ans. Je leur demanderais de nommer le titre de 5 films et de leurs réalisateurs qui ont marqué notre histoire. On rirait probablement autant que le vox pop de Guy Nantel sur la charte. Y a-t-il juste quelqu’un ici qui a déjà loué un film sur Eléphant ? Allez ! Avouez que non. La promotion des films Québécois est limitée aux « block buster » Cinquante films. Cinquante? Sur les 50 films environs qui ont été réalisés au Québec en 2012 (rapport accessible ici)combien en ont vraiment entendu parler. Un des problèmes de notre cinéma est justement la promotion de celui-ci. Au détriment de la qualité, nous privilégions le modèle de promotion américain et la création d’un « star système » Québécois qui fait mal à ceux qui font un cinéma différent. Le tapis rouge est plus glamour que le contenu. J’imagine que ça en dit long sur notre mentalité collective. Moi-même étant à l’affût de nouveautés et de ce qui se fait ici, j’ai concrètement entendu parler (plus que juste par le titre) d’à peine 30% de la courte liste de films mentionnés dans le rapport au tableau 4.4.1. Comment alors pouvoir s’identifier à ce qui se fait ici et pouvoir juger de la qualité de notre cinéma s’il n’est pas vu ou s’il est identifié aux navets tels L'empire Bossé ou Omerta. Y a-t-il trop de film Québécois ? La réponse à cette question est non. Il n’y a pas trop de film Québécois. Il n’y a juste pas assez de visibilité pour 'l'autre" cinéma. Il n'y a pas assez de plateforme différente pour le diffuser. Les solutions alternatives aux salles de cinéma commerciales On ne peut freiner l’avancement de la technologie. Taxer les tablettes et les téléviseurs, OK. Mais cela ne fera qu’aliéner encore plus la grande majorité de la population déjà surtaxée au Québec. Rien pour attirer un auditoire déjà peu enclin à aller voir nos productions. À mon avis, la solution réside dans la promotion, mais aussi dans la diversité de diffusion. L’idée d’un Netflix Québécois n’est pas mauvaise, mais tant que rien n’est fait pour rendre notre cinéma plus sexy et accessible aux yeux de monsieur et madame tout le monde, c’est peine perdu. Et je ne parle pas de scénario plus accessible ou de réalisateur plus consensuel envers notre incapacité de s’ouvrir à un cinéma différent. Non, selon moi, un bon exemple de virage qui est promis à un bel avenir est la plateforme qu’offre l’Office National du Film : Accessibilité, beaucoup de gratuité avec la possibilité de payer selon ce qui nous intéresse. Et pourquoi ne pas tenter d’adopter une approche à la Mister Valaire ? Ce groupe musical Québécois demande une contribution volontaire « N’importe lequel prix » pour acquérir leurs albums via les internets. Et cela semble fonctionner pour eux. Je crois sincèrement qu’il faut lentement s’affranchir des grandes compagnies de distribution et utiliser le plus possible les réseaux sociaux, les nouvelles plateforme numérique et notre capacité créative pour trouver une façon d’attirer un public qui ne sait juste pas ce qui existe en sa patrie. Enfin, la solution est aussi dans les banlieues. Trop souvent négligée en ce qui a trait à l’offre cinématographique, je suggère d’emmener plus de cinéma différent dans les ciné-clubs locaux et d’en faire la promotion en les finançant comme il faut. Il faut aider l’association des cinémas parallèles à sortir de la zone élitiste de Montréal et apporter le cinéma en région et dans les petites localités. Quand c’est rendu qu’on juge de la qualité d’un film Québécois à cause de son appréciation ou de ses prix gagnés à l’étranger, il y a lieu de se poser de grandes questions sur notre capacité de jugement culturel collectif ; on attend que ce soit les autres qui nous disent que notre cinéma vaut la peine d’être vu. Ça va mal. En résumé, la proposition du cinéma Excentris débutant en page 17 de son mémoire est une piste de solution viable et intéressante. À nous d'y voir collectivement.
J'ai dit bien des affaires avant que je m'installe chez Tumblr. C'était l'époque Blogspot de votre humble serviteur. Question d'archiver l'inutile et le curieux, vous pouvez aller voir comment mon cerveau pensait avant 2013 en cliquant ci-dessous. Bonne lecture... ou bien non. C'est selon. http://librepenseedelaseigneurie.blogspot.ca/
Je suis exposé à la pensée binaire depuis que je suis tout petit. Pas par la faute de mes parents. Loin de là. Mais à l’époque de mon enfance, tout ce qui m’entourait semblait si simple. C’était R2-D2 contre « l’empire » tout entier. C’était aussi l’évangile en papier contre Goldorak le dimanche à la « tivi ». C’était OUI ou NON en politique. Et c’était aussi « Betty ou Véronica ». Je suis un peu comme Archie. Même si j’ai avancé en âge, c’est toujours aussi difficile de me sortir du cercle vicieux « blonde versus brune » (et de reluquer la petite amie de la brute Moose sans heurts. Mais c’est une autre histoire). Plus j’avance dans le vingt-et-unième siècle, plus il me faut être vigilant afin de ne pas me laisser emporter par la facilité d’opinion, qu’elle soit de gauche ou de droite. Car aujourd’hui, n’importe lequel quidam peut produire du bon comme du mauvais grâce « aux internet ». Et il est facile de s’agglomérer avec ces « convaincus » de la vérité absolue.
Revenons à l’univers d’Archie Andrews. Je me rappelle que dans son monde il y avait beaucoup d’autres filles autour de lui. Mais quel lecteur se souciait vraiment d’elles? Personne ne considérait sérieusement la grande Ethel (un peu comme le Parti Vert en politique québécoise), mais les autres filles existaient pourtant! Malheureusement, la petite visibilité qu’on leur donnait me ramenait constamment au choix entre Betty et Véronica. Et je remarque que l’on travaille aujourd’hui de la même façon dans toutes les sphères politiques et médiatiques pour renforcer les bases d’opinions polarisées et ainsi « faciliter » la pensée critique du bon citoyen. Tant que ça apporte de la pub… Et c’est tellement plus simple pour manipuler la pensée collective.
Je constate que pour être écouté sur « Le réseau », il faut être tranché, voire provocateur et de plus en plus radical. Les faits ont pris le bord. Le « centre », la neutralité, l’ordinaire voire la contre-culture ne sont pas glamour. Big Ethel est belle et bien morte. Surtout derrière le paravent sécuritaire de nos échanges Facebook ou Twitter, là où les conséquences de notre venin ne seront habituellement pas vraiment dommageables. Le poids de l’opinion centriste ne vaut plus grand-chose, car il n’est pas assez lourd face à la « Radio X » qui sommeille en nous et qui tend à vouloir s’émanciper.
Or, tout n’est pas perdu pour les « non-Archie » de ce monde. La multiplication des médias indépendants et des blogues qui compétitionent avec les médias de masse permet une couverture plus grande de ce qui se passe autour de nous. Encore faut-il garder son sens critique et vouloir fureter plus avant pour survivre. Des exemples? Voici quelques liens intéressants : http://urbania.ca/blog http://nouveauprojet.com/ http://quebec.huffingtonpost.ca/the-blog/ Et il y en a beaucoup d’autres. J’entends déjà mes détracteurs dire que Betty et/ou Véronica, c’est tellement plus rassurant. Pourquoi se compliquer la vie? Moi je dis que Josie et ses minettes, ou même miss Grundy ne sont pas mal aussi, s’agit juste d’oser aller les voir et les entendre... et s’ouvrir au monde. Alors, furetons plus loin chers amis!
En ce qui concerne le choix déchirant entre Betty et Véronica, quand j’étais jeune, j’en aimais une. Maintenant c’est pas mal l’autre que je préfère. Je vous laisse deviner laquelle, et on en rejase autour d’une broue. Sébastien Roy #Réel Sir_Seb #Virtuel
La société virtuelle a très récemment instauré toute sorte de projets pseudos rassembleurs pour meubler mes journées parfois insignifiantes. Pire, ces anodines épices en forme de dièses en sont venues à formater ma manière d’organiser ma pensée au quotidien. C’est ainsi que la communauté alimentant Twitter a apporté son lot de mots-clics événementiels (« hashtag ») qu’on utilise depuis peu sur Facebook et qui sont forts visibles sur Instagram. Je ne parle pas des mots-clics conceptuels comme #PolQc pour suivre les discussions sur la cuisine de Pol Martin au Québec ou #MTL pour rassembler les gens autour du métal de « pouèlus ». Non. Voici deux exemples personnels récents pour mieux différencier le tout: #Canicule = Conceptuel
#PoqueRoyal et #nono = « complémenteurs » de pensées insignifiantes intérieures
Ainsi, la grande majorité se servent des mots-clics pour l’autopromotion, tel que démontré par le graphique suivant :
Source : http://marketingland.com/mobile-hashtag-survey-finds-users-more-likely-to-explore-content-using-hashtags-if-offered-discounts-37778 Or, je veux surtout mettre l’emphase sur les dièses qui meublent la sphère tel un agenda. Par exemple, un restant de judéo-christianisme a survécu à la révolution tranquille et semble bien en vie dans les réseaux sociaux. En effet, le jeudi est devenu pour plusieurs comme pour moi le jour tout désigné pour aller à la confesse. C’est ainsi que le jeudi se désigne sous le vocable #JeudiConfession. Sauf qu’au lieu du curé, on ne sait jamais trop qui est de l’autre côté de la persienne ni à quelle pénitence nous aurons droit. Souvent, je n’ai droit à rien… même lors d’un péché véniel. On y trouve aussi les vendredis d’autopromotion de nos contacts avec le #FF (« follow Friday », pas « fuck friends »). Y’a les lundis musique (#MusicMonday), les sexys #TuesdayTease remplis de virus et plein d’autres thèmes fixés d’avance pour notre plus grand « plaisir ». Quand il est question de modelage de la pensée, internet nous offre tous les outils pour faciliter l’organisation de nos réflexions et la planification de notre furetage au jour le jour. On nous offre ainsi le loisir, un peu à la manière du menu de restaurant dans un film des Monty Python (voir extrait ci-dessous), d’alimenter la matrice en formatant ce qui au départ se veut chaotique. Nos vies et celle de ceux qui nous suivent en sont facilitées, parce que c’est bien connu, la première loi de la nature est : « Tout tend vers l’oisiveté ». http://www.youtube.com/watch?v=gkp7f8IxJNU Mais au fond, ce qu’il y a d’extraordinaire dans ces mots-clics, c’est l’effet rassembleur. Étant moi-même humain (ne vous en déplaise), je recherche aussi le troupeau et l’appartenance à quelque chose. C’est ainsi qu’on réalise qu’on fait partie du monde et qu’on peut se découvrir une valeur. Pas en se comparant, mais par l’association aux autres qui partagent notre style et point de vue. Reste à savoir quel niveau d’énergie et de sérieux y mettre avant de perdre de vue la différence entre le réel et le virtuel. Et le meilleur dans tout ça, dans le confessionnal du pseudo anonymat, mélanger ensemble le « trop de détails » et les inepties de la vie ne tue pas. Profitons-en. Signé : SirSeb_LPDLS #Virtuel, Sébastien Roy #Réel
Crédit: Sébastien Roy (au festival de littérature de MTL 2012) (c) 2013
C’est toujours un exercice passionnant de se laisser guider par le hasard. Le jeu de choisir un livre intuitivement, parce que je sens qu’il doit être lu, m’enivre. Parcourir lentement les étagères des yeux jusqu’à ce qu’un livre nous appelle de lui-même, voilà un plaisir dont je ne me lasse pas. Que la lecture qui en résulte soit heureuse ou non revêt parfois moins d’importance comparée à l’aspect métaphysique de la chose.
Comme si j’allais sauver un bouquin de l’oppression de ses voisins, le dernier appelant avec sa tranche blanche cartonnée, compressée, étouffée entre deux très épaisses briques qui semblaient radoter des thèmes vieillots, s’intitule « La concordance des temps » d’Évelyne de la Chenelière. Un petit cent quarante pages de bonheur aux accents graves.
Crédit: Sébastien Roy (c) 2013
Dans ce chassé-croisé super bien fignolé et tressé finement, on y suit un homme et une femme perdus dans leurs pensées avant de se retrouver pour un repas à deux. Leur analyse de la vie autant que des choses simples qui les alimentent y sont traduites de superbes façons. Le temps y est effectivement mis en scène comme un voleur. Celui dont on n’a aucun contrôle et dont on ne connaît la vraie source. L’impitoyable temps et ses effets. Mais aussi l’impitoyable combat des genres. Car il y est question de temps grammatical et de« synchronicité » entre les individus ainsi que des conséquences du passage de l’un dans la vie de l’autre.
Source de l'image: http://www.coacheloquence.com/quiz-un-ou-une/
Nos héros sont inévitablement victimes de ce temps qui passe et du destin qui semble défaillir. La peur de l’engagement, la mort, le suicide, l’amour qui fuit, mais surtout l’acceptation de ce qui est sont tous gravement amenés avec des détails savoureux, délicatesse et humour. Ce livre est une vision lucide et amère de la vie actuelle. C’est une histoire de mensonge. Surtout de mensonge avec soi-même. Nos protagonistes font face au test de la réalité. Cette foutue réalité avec qui on doit toujours composer, négocier et peut-être même y perdre au change.
Au bout du compte, c’est un roman coup-de-poing. Un roman qui a le don de nous mettre en face de nous-mêmes et face à nos difficiles perceptions que l’on tente souvent de mettre sous le tapis. Ne serait-ce que par le choc final des dernières pages et la confusion qui s’en suit après le livre fermé, j’ai été emballé par « La concordance des temps ». Je suis resté avec l’impression que rien ne peut satisfaire totalement notre soif de liberté par rapport aux autres (les connus comme les inconnus). Et cela est bien démontré dans cette courte histoire. La concordance des temps nous glissent lentement entre les doigts, dans la vie comme dans l’écrit d’Évelyne de la Chenelière. À lire absolument.